Michel Sleiman, initiateur de la déclaration de Baabda
Yara ABI AKL | OLJ
- Il est vrai que Michel Sleiman, commandant en chef de l’armée entre 1997 et 2008, a été élu président de la République le 25 mai 2008 au terme d’une longue vacance présidentielle. Mais cela n’est pas la seule particularité de ce mandat. Le contexte politique dans lequel est intervenue cette élection est à prendre en considération. M. Sleiman a été élu dans le sillage de l’accord de Doha, conclu entre les protagonistes libanais le 21 mai 2008 au terme d’une table de dialogue qui les avait réunis à Doha après les événements du 7 Mai. Son élection a eu lieu après la révolution du Cèdre de 2005, mais aussi à la suite de la bataille de Nahr el-Bared en 2007. C’est sous cet angle que le douzième président de la République présente son approche de l’indépendance en évoquant son mandat qui a expiré en 2014.
Michel Sleiman a commencé par rendre au Liban sa place sur la scène internationale. Il raconte à ce sujet : « Je me suis rendu dans la majorité des pays qui influent sur les décisions politiques mondiales. J’ai visité aussi bien l’Iran que l’Arabie saoudite pour affirmer que le Liban peut avoir de bons rapports avec tous les pays. » Un processus qu’ont complété les visites de plusieurs chefs d’État et de gouvernement à Beyrouth.
La déclaration de Baabda
Mais de la présidence Sleiman, les Libanais retiennent surtout la déclaration de Baabda, votée à l’unanimité des participants à la table du dialogue national, tenue à Baabda le 11 juin 2012. Ce texte, devenu un document international reconnu par l’ONU et la Ligue arabe, stipule dans son article 12 : « Garder le Liban à l’écart des conflits et des axes régionaux et internationaux, et lui épargner les retombées négatives des crises régionales, afin de préserver son intérêt supérieur, dans le cadre du respect des résolutions internationales, de l’unanimité arabe et de la juste cause palestinienne (…). » Le texte prévoit aussi d’« œuvrer à contrôler les frontières, afin d’interdire le trafic d’armes et le déplacement des combattants ».
Outre le fait que ce texte, approuvé à l’heure où le Hezbollah s’apprêtait à s’engager activement dans le conflit syrien aux côtés du régime Assad, a consacré la politique de distanciation, voire de neutralité du Liban, il a surtout donné le coup d’envoi à une confrontation – la première du genre – entre Baabda et le Hezbollah. Peu avant la fin de son mandat, le chef de l’État a même été jusqu’à appeler à «sortir de la langue de bois ». Allusion à peine voilée au triptyque « Armée, peuple, résistance », si cher au parti chiite, mais qui limite la souveraineté de l’État.
« Tout le monde reviendra un jour à ce texte (la déclaration de Baabda) car c’est ainsi qu’on préserve le Liban », affirme le président Sleiman, rappelant que la neutralité est la meilleure façon d’abolir le confessionnalisme politique conformément à l’accord de Taëf, dans le but de calmer les appréhensions des « minorités ». Mais il précise que cela s’inscrivait dans le cadre d’un plan qu’il aspirait à exécuter et qui devait inclure la déclaration de Baabda, une loi électorale basée sur la proportionnelle, une stratégie de défense, la décentralisation