Déclaration conjointe du groupe international de soutien au Liban (23 septembre 2020)
1. Une réunion ministérielle des membres du groupe international de soutien au Liban (GIS), co-présidée par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, et le Ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, s’est tenue le 23 septembre 2020. Le Secrétaire général des Nations Unies et le Ministre français sont intervenus à l’ouverture de cette visioconférence.
Suite à ces interventions liminaires, M. Hassan Diab, Premier ministre par intérim et Président du Conseil des ministres de la République libanaise, a pris la parole. Sont également intervenus M. Luigi di Maio, Ministre des affaires étrangères de l’Italie ; M. Ahmed Aboul Gheit, Secrétaire général de la Ligue des États arabes ; M. Josep Borrell Fontelles, Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité/Vice-président de la Commission européenne ; M. James Cleverly, Ministre d’État pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord du Royaume-Uni ; M. Niels Annen, Ministre d’État au ministère fédéral des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne ; M. David Hale, Sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques des États-Unis d’Amérique ; M. Zhang Jun, Représentant permanent de la République populaire de Chine ; M. Dimitri Polyankiy, représentant permanent adjoint de la Fédération de Russie. M. Axel Van Trotsenburg, Directeur général des opérations de la Banque mondiale, a également fait une présentation.
2. Les participants ont remercié le Secrétaire général des Nations Unies et la France d’avoir organisé cette réunion et ont réitéré leur sympathie aux personnes touchées par les explosions du 4 août à Beyrouth et leurs condoléances aux familles des victimes. Ils ont également rendu hommage à la résilience du peuple libanais, à l’assistance fournie par la société civile à tous ceux dans le besoin, ainsi qu’à tous les volontaires libanais ou étrangers qui ont contribué à l’intervention d’urgence. Ils ont exprimé leur entière solidarité avec le Liban et les Libanais.
3. Les membres du GIS ont salué la mobilisation immédiate de la communauté internationale pour soutenir le Liban et le peuple libanais au plan financier et logistique suite aux explosions du 4 août et se sont félicités des engagements pris lors de la conférence de haut niveau en soutien à Beyrouth et au peuple libanais co-présidée par les Nations Unies et la France le 9 août dernier, ainsi que des engagements qui ont suivi l’appel d’urgence lancé le 14 août par les Nations Unies. Les aides promises doivent être apportées rapidement, en quantités suffisantes, en cohérence avec les besoins du peuple libanais, et déployées dans la plus grande transparence et avec le maximum d’efficacité afin de permettre les secours d’urgence et un prompt redressement. Les membres du GIS ont également souligné l’importance d’une coordination étroite et efficace entre les Nations Unies, les États, les donateurs, les acteurs humanitaires et en charge du développement et les institutions étatiques du Liban, y compris les forces armées libanaises au regard de leur rôle dans l’intervention d’urgence. Ils ont accueilli avec satisfaction l’évaluation conjointe de l’Union européenne et des Nations Unies ainsi que celle de la Banque mondiale qui servent de base à la mobilisation des donateurs, et ils ont appelé la communauté internationale à accroître rapidement son soutien à Beyrouth et au peuple libanais compte tenu du contexte. Ils ont appelé de leur vœu la tenue d’une conférence de suivi en octobre prochain à Paris, afin de dresser un bilan de ce qui a déjà été fait et de déterminer la voie la plus efficace et la plus transparente à suivre pour permettre un prompt redressement (remise en état des infrastructures publiques, réhabilitation des logements, stabilisation de la situation des familles sinistrées, soutien aux secteurs de la santé et de l’éducation touchés par l’explosion).
4. Les membres du GIS ont exhorté les dirigeants du Liban à s’unir en soutien à la mise en place rapide d’un gouvernement à même de répondre aux attentes légitimes exprimées par le peuple libanais et déterminé à apporter une solution aux nombreuses et pressantes difficultés auxquelles le Liban est confronté, en particulier les crises humanitaire, socio-économique et financière, la pandémie de COVID-19, la reconstruction de Beyrouth et la restauration du patrimoine et des bâtiments historiques de Beyrouth. Ils ont pris bonne note de l’approbation par le gouvernement libanais d’un plan de redressement financier et de sa décision de solliciter un programme du FMI, et ils ont réitéré leur engagement constant de soutenir le Liban en s’appuyant sur la mise en œuvre des réformes nécessaires.
5. Les membres du GIS ont vivement exhorté les dirigeants politiques libanais à entreprendre des réformes essentielles et se sont réjouis de l’accord auquel sont parvenus tous les dirigeants politiques du pays au début du mois concernant une feuille de route globale des réformes à mettre en œuvre assortie d’un calendrier conformément aux engagements pris, en particulier dans le cadre de la conférence CEDRE, qui bénéficient de l’appui du GIS et d’autres membres de la communauté internationale. Ils ont également rappelé la nécessité que ces réformes répondent aux défis auxquels fait face le Liban et aux aspirations pacifiques exprimées par le peuple libanais.
6. Rappelant la déclaration du GIS en date du 11 décembre 2019, et ses dernières déclarations du 30 août et du 19 septembre derniers, les membres du GIS ont exhorté le Liban à mettre en œuvre rapidement des mesures pour restaurer la stabilité économique, améliorer les prestations des services publics et la crédibilité du secteur financier, renouer des échanges fructueux avec le FMI et donner la priorité à des mesures clé en matière de gouvernance, en réglementant notamment de manière crédible les secteurs économiques essentiels, comme le secteur de l’électricité, et apporter son soutien aux communautés les plus vulnérables au Liban, notamment en mettant en place des systèmes de protection sociale. Ils ont également enjoint le gouvernement et les dirigeants politiques à mettre en place des mesures crédibles de lutte contre la corruption et la fraude fiscale, à adopter une loi de contrôle des capitaux, ainsi que d’autres mesures garantissant des changements tangibles, la transparence et une entière redevabilité vis-à-vis du peuple libanais. Ils ont réaffirmé leur souhait de soutenir le Liban pour la mise en place de ces mesures. Ils se sont réjouis de la réunion du GIS et d’autres dirigeants de la région et de la communauté internationale en soutien au Liban, que la France prévoit d’organiser à Paris en octobre prochain et qui portera sur le programme des réformes.
7. Le GIS a appelé tous les acteurs à préserver le caractère pacifique des manifestations, en évitant la violence et en respectant le droit de se rassembler et de manifester pacifiquement.
8. Les membres du GIS ont souligné l’importance pour le Liban de continuer à respecter de manière inébranlable les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies, en particulier les résolutions 1559 (2004), 1701 (2006), 1680 (2006), 2433 (2018), 2485 (2019) et 2539 (2020), les accords de Taëf (1989), la déclaration de Baabda sur la politique de dissociation (2012) et ses autres obligations internationales pertinentes, afin de garantir la stabilité intérieure du pays ainsi que la stabilité régionale.
9. Les membres du GIS ont réaffirmé leur soutien fort et constant au Liban et à son peuple, ainsi qu’à la stabilité, la sécurité, l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique de ce pays.
Note explicative pour la presse
Le Groupe international de soutien au Liban rassemble les Nations Unies et les gouvernements de de l’Allemagne, de la Chine, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Royaume-Uni et de la Fédération de Russie, ainsi que l’Union européenne et la Ligue des États arabes. Il a été créé en septembre 2013 par le Secrétaire général des nations Unies et l’ancien président Michel Sleiman, pour aider à mobiliser les soutiens en faveur de la stabilité, de la souveraineté et des institutions de l’État libanais, et encourager en particulier l’assistance dédiée à l’armée libanaise, aux réfugiés syriens au Liban, aux communautés d’accueil, aux programmes gouvernementaux et aux services publics subissant les répercussions de la crise syrienne.