27 آب 2019
Sleiman à « L’OLJ » : Nasrallah ne veut pas d’une stratégie de défense

 

Yara Abi Akl

Sleiman à « L’OLJ » : Nasrallah ne veut pas d’une stratégie de défense

L’ancien chef de l’État appelle son successeur à profiter de la rencontre prévue à Baabda en septembre pour lancer le débat autour de cette question épineuse.

Outre le fait de plonger ouvertement le Liban dans le conflit entre l’Iran et l’administration du président américain Donald Trump, les attaques israéliennes perpétrées dimanche dernier contre la banlieue sud de Beyrouth et une position militaire du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) à Koussaya dans la Békaa ont remis sur le tapis la nécessité, voire l’urgence pour le Liban d’élaborer une stratégie nationale de défense, à même de permettre à l’État d’exercer le monopole des armes et de recouvrer sa décision souveraine, notamment en matière de paix et de guerre. 

D’autant que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n’a pas manqué d’affirmer que son parti « ripostera à partir du Liban » à toute prochaine attaque, dans ce qui sonne comme une atteinte flagrante au prestige de l’État, reflétant une volonté manifeste de renvoyer aux calendes grecques la question de la stratégie nationale de défense.

Au lendemain de l’escalade israélienne, plusieurs voix s’élèvent pour plaider en faveur de l’adoption d’une stratégie de défense dans les plus brefs délais. Parmi celles-ci, Michel Sleiman, ancien chef de l’État et parrain de la déclaration de Baabda (adoptée le 11 juin 2012 à l’unanimité des participants à la table de dialogue). Ce texte consacre la politique de distanciation du pays, en prévoyant « le maintien du Liban à l’écart des conflits des axes régionaux ». 

M. Sleiman va même jusqu’à renvoyer la balle dans le camp du président Michel Aoun. Ce dernier s’était d’ailleurs engagé, avant les législatives de mai 2018, à tenir un dialogue national qui plancherait sur la question. 

Dans une interview accordée hier à L’Orient-Le Jour, Michel Sleiman rappelle que la table de dialogue organisée sous son mandat avait approuvé à l’unanimité la politique de distanciation et pavé la voie à une stratégie de défense « pour affirmer que le Liban est doté d’une politique bien définie dont il ferait usage en temps voulu ». 

Détaillant cette politique de défense, il insiste sur le fait que la décision politique devrait relever de l’État, à l’heure où l’armée déciderait des questions à caractère militaire, tout en usant des capacités de la résistance, et ce pendant une phase transitoire (jusqu’à ce que la question de l’arsenal du Hezbollah soit résolue une fois pour toutes). 

Pour en revenir à l’actualité chaude, l’ex-président de la République souligne qu’« une nouvelle stratégie de défense devrait être adoptée dans les plus brefs délais ». Et d’exhorter son successeur à « ouvrir courageusement le débat portant sur les notions de distanciation et de neutralité. Cela devrait même être à la tête de l’ordre du jour du dialogue (économique) élargi prévu le 2 septembre prochain au palais de Baabda ». « Il est grand temps que le Hezbollah comprenne que la situation du pays ne se redressera pas si l’État ne recouvre pas sa souveraineté et n’applique pas la distanciation comme cela se doit », estime l’ancien chef de l’État, appelant Michel Aoun à « clarifier cela » au parti chiite. 

Interrogé sur les raisons derrière les atermoiements à discuter de la stratégie de défense une bonne fois pour toutes, Michel Sleiman estime que le président Aoun est conscient de la difficulté de convaincre le Hezbollah, pourtant allié de longue date du chef de l’État, de s’engager sur cette voie. Il continue donc d’ajourner la tenue de ce dialogue. 

Le Hezbollah et la décision de paix et de guerre

Se voulant encore plus clair, M. Sleiman ne mâche pas ses mots : « Hassan Nasrallah ne veut pas d’une stratégie de défense », déplore-t-il, avant d’expliquer son constat : « C’est à la faveur de cette même logique que le Hezbollah a décidé de s’ingérer dans le conflit syrien, faisant fi tant de la déclaration de Baabda que du triptyque “Armée, peuple, résistance”, qu’il a longtemps défendu. » Selon l’ex-président de la République, « cette équation n’a désormais aucun sens, dans la mesure où le Hezbollah veut prouver que la décision de paix et de guerre ne relève que de lui ». 

C’est d’ailleurs dans ce même cadre que Michel Sleiman place les propos tenus dimanche par le numéro un du Hezbollah, notamment en ce qui concerne la riposte contre une éventuelle attaque israélienne, dans la mesure où il s’agit selon lui d’une « atteinte au prestige de la présidence de la République ». « Je m’attendais à un certain respect de l’autorité du chef de l’État. Mais il n’en était rien. Hassan Nasrallah a déclaré que son parti ripostera à toute agression à partir du Liban. Une façon pour lui de confirmer son hégémonie sur la décision officielle », déplore M. Sleiman. 

Quoi qu’il en soit, Michel Aoun a reçu hier le représentant du secrétaire général des Nations unies à Beyrouth, Jan Kubis. L’occasion pour lui de commenter les agressions israéliennes. « Ce qui s’est passé est une déclaration de guerre. Et cela nous permet de recourir à notre droit à défendre notre souveraineté, notre indépendance et l’intégrité de notre territoire », a-t-il lancé. Réagissant à ces propos, Michel Sleiman y voit « un modèle de la stratégie de défense », en ce sens qu’ils reflètent « la volonté de l’État, et non du Hezbollah, de riposter aux agressions contre le Liban ».

https://www.lorientlejour.com/article/1184183/sleiman-a-lolj-nasrallah-ne-veut-pas-dune-strategie-de-defense.html

 

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