Sleiman à « L’OLJ » : Il est grand temps d’appliquer la déclaration de Baabda L'ancien chef d'État exhorte Michel Aoun à conduire un dialogue national qui plancherait essentiellement sur la stratégie de défense.
La démission annoncée du chef du gouvernement, Saad Hariri, ne peut être dissociée de l'épreuve de force entre les deux puissances régionales que sont l'Arabie saoudite et l'Iran. Nombreux sont ceux, au Liban, qui plaident pour une neutralité effective de ce pays face aux conflits des axes, qui ne font que s'amplifier.
Michel Sleiman, ancien président de la République et parrain de la politique dite de « distanciation », exhorte tous les protagonistes à appliquer la déclaration de Baabda. Ce texte, adopté le 11 juin 2012 par les participants à la table de dialogue organisée sous le mandat Sleiman, prévoit la tenue du Liban « à l'écart de la politique des axes et des conflits régionaux et internationaux ».
« Il est grand temps d'appliquer la déclaration de Baabda et d'écarter le pays des guerres des autres », insiste l'ancien chef d'État dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour. « Si certains protagonistes ont honte de revenir à la déclaration, qu'ils optent pour la neutralité du Liban », lance Michel Sleiman, dans ce qui sonne comme une réponse implicite au Hezbollah, devenu farouche opposant à la déclaration de Baabda après y avoir souscrit dans un premier temps, au fur et à mesure que sa participation à la guerre en Syrie prenait de l'ampleur.
Mais pour M. Sleiman, « il ne suffit pas d'opter pour la neutralité, il faut surtout élaborer une stratégie de défense pour assurer le monopole (étatique) du port des armes ».
À partir de ce point, M. Sleiman dresse une sorte de feuille de route qu'il juge nécessaire pour régler la crise survenue à la suite de la démission-surprise de Saad Hariri. « Le président de la République devrait tenir une table de dialogue national. Et les participants devraient réaffirmer leur attachement à la déclaration de Baabda, et plancher sur une nouvelle stratégie de défense, ainsi que sur la question des armes du Hezbollah », souligne l'ancien chef d'État, insistant sur la nécessité d'évoquer aussi la question du retour des réfugiés syriens et de préparer les législatives.
Concernant le nouveau cabinet, Michel Sleiman estime qu'il devrait être neutre et présidé par Saad Hariri.